2.1. Histoire du peuplement du Gabon. Bien que lhomme semble avoir été présent dans larégion dès lépoque préhistorique, linstallationdes Pygmées est considérée comme la transition entrepréhistoire et histoire locale proprement dite, marquée pardimportants mouvements migratoires. Le Gabon compte actuellement une cinquantainedethnies, de culture bantoue pour la plupart et nayant atteint leursemplacements actuels quà la suite de migrations plus ou moins récentes. Il convient cependant de préciser, avant daborder cette partie,quil existe un certain nombre de variantes graphiques des ethnonymes selonles livres et les auteurs. Pour ne pas désorienter un lecteur francophonenon gabonais, nous adopterons ici une transcription conforme à lorthographeusuelle du français, permettant plus facilement dinduire une prononciationacceptable par les nationaux. Migrations en provenancedu nord Certains groupes, les plus nombreux et les premiers à sétablir,les peuples de langue miéné, sont venus des savanes du nord-estde larrière-pays. Leur présence dès le XIVe siècledans la région de lEstuaire a été établieainsi que leur installation dans lOuest et le Centre du XVIIe au XIXesiècle.Les groupes Benga et Séké ont atteint la côteau XVIe siècle.Le groupe Kota a représenté un puissantcourant migratoire de direction générale nord-sud du XVIIIeau XIXe siècle. Lappropriation de la langue française par les Gabonais ne peutquêtre très importante. Le français simpose doncen tant que langue véhiculaire au point que, comme le reconnaîtMba-Nkoghe le Message n5 : 20 : Très souvent le françaisest la langue de première acquisition pour certains enfants gabonais.Cest dailleurs ce que soulignent de récentes enquêtes Boucher,1998, 1999, Boucher Lafage, 2000. Mais quel français? En effet, il ne peut que se produire une certaine disparité danslappropriation et la pratique de la langue française, tant entremilieu urbain et milieu rural pratique usuelleusage occasionnel, quentredifférentes classes sociales en fonction de facteurs comme la duréeet la qualité de la scolarisation, le niveau culturel atteint, ladurée durbanisation, lemploi occupé, etc. Or, lécole,lieu principal de limprégnation normative, reçoit un certainnombre de critiques. Les pouvoirs publics constatent des carences, commele montre cette remarque des autorités gabonaises lors du Sommetfrancophone de Paris en 1986. Si le français, langue officielle,langue de culture et langue véhiculaire permet lintercompréhensionentre toutes les femmes et tous les hommes du Gabon qui comporte 48 idiomesheureusement regroupés en sept groupes linguistiques, son usage,son enseignement, selon des méthodes surannées et surtoutsa perception à travers les critères par trop littéraireset non langagiers, posent des problèmes à notre systèmeéducatif. Les principaux problèmes relevés sontla surcharge des effectifs, le manque de qualification des enseignants,linadaptation des manuels et des techniques pédagogiques.. Carle rendement de cet enseignement si largement ouvert à tous restefaible. En effet, bien que la scolarisation touche, à peu de choseprès, lensemble dune classe dâge, le pourcentage denfantsqui nachèvent pas lécole primaire est trop élevé56. Au secondaire, la déperdition se poursuit. En juin 1992,par exemple, 3 510 candidats ont passé lépreuve du baccalauréat,et 4 à 5 dentre eux seulement ont eu accès à luniversité.Richard Léonard, 1993 : 114. Cest pourquoi, dès 1991,les autorités gabonaises ont-elles mis sur pied une réformede léducation donnant la priorité à lenseignementdu premier degré et lannée scolaire 1997-1998 devaitvoir le nombre des enseignants du primaire saccroître avec larrivéede 1200 instituteurs Cf. Regarder lAfrique, juin 1997, n16. Grâce à un certain nombre de travaux Couvert, 1984, Moussirou-Mouyama,1984, 1990, Desbois Rapegno, 1994, Boucher, 1998, 1999, à paraître,Italia, 2000, etc, il est en effet possible de distinguer une certainevariation dans le continuum que constitue localement la possession du français.Car cest en fonction de leur localisation à lintérieurde ce continuum. Et de lampleur de leur répertoire ManessyWald, 1984 : 16 que la compétence des divers groupes sociaux doitêtre envisagée. Cependant, aucune enquête portant surun échantillon témoin statistiquement représentatifde lensemble de la population na encore été tentéeafin de permettre de rendre compte de la réalité langagière.Cest pourquoi, quelles que soient les critiques qui lui ont étéadressées par ailleurs Chaudenson, 1989 : 11-12, lenquêtede lIRAF Institut de Recherche sur lAvenir du Français, étendueà lensemble des pays dAfrique francophone et sappuyant sur ladémographie, notamment de linstitution scolaire, en 1980, fournitquelques éléments de reflexion sur la francophonie africaineen général et gabonaise en particulier, à partir dunerépartition en six groupes de lensemble de la population dun pays. N0 : non scolarisés dont certains peuvent cependant être francophones, N1: francophones 2 années denseignement primaire caractérisanten principe une oralité simple, lécoute et la compréhensionde la radio, la capacité de répondre à des questionsusuelles, 3.2.2. Une optique différentielle. Lobjectif majeur du présent ouvrage est de faire un étatdes lieux, une sorte de portrait du lexique français adaptéau Gabon, en son état actuel lenquête couvre essentiellementla période qui a suivi lIndépendance du pays, mêmesi elle embrasse quelques lexies antérieures qui ont survécu,notamment dans certaines oeuvres littéraires. La perspective estdifférentielle. Ne sont répertoriés que les usageslexicaux locaux qui sont absents du français de référenceou qui présentent des divergences par rapport à lui. Et cestlà que réside la première difficulté. Carle corpus lexicographique différentiel idéal devrait êtrecelui qui résulterait dune analyse contrastive entre tous les topolectesde la langue française, extensive à tous les domaines couvertspar le lexique et exhaustive à lintérieur de chacun de ceux-ci.Lafage, 1997 : 88. Une telle aspiration relève encore de lirréalisable.On sest donc contenté ici doeuvrer au mieux des possibilités: linventaire gabonais a été élaboré grâceà la confrontation du lexique français du Gabon et de sonéquivalent en usage dans lhexagone, tel quil est présentédans les ouvrages descriptifs spécialisés grammaires certesmais aussi dictionnaires de toutes sortes : de langue, du sport, du françaisnon conventionnel, de spécialité, etc.. Mais aussi telquil est attesté dans le quotidien des locuteurs de lhexagonedont les différentes usances sociolinguistiques serviront égalementde références aux réalisations gabonaises équivalentes.cf. Boucher, sous presse. Ces données sont certes vieillies mais leRGPH de 1993, sans nous permettre de réaliser un tableau immédiatementcomparable, nous fournit quelques points de réflexion, dune partpar rapport à lenquête de lIRAF de 1984, dautre part parrapport aux hypothèses fortes ou faibles dévolution àlaube de lan 2000 contenues dans louvrage de lIRAF-Modification de la fréquence. Ainsides termes rares ou fortement spécialisés dans lhexagonepeuvent, au Gabon, relever du vocabulaire commun disponible : pian,loa-loa, tsé-tsé, tilapia.. De même, des parasynonymespeuvent voir leur distribution changer : an année, portablecellulaire, vêtement habit,.. Compte-tenu des raisons primordiales déjà avancées: N0 : 209 068 36,88 le chiffre le plus faible de lensemble des enquêtes africaines c-un peuplement très inégalementréparti. Les campagnes 1 habitantkm2 semblent progressivementse vider au profit des centres urbains qui englobent 73 de la populationtotale. RGPH, 1993 : 3. Cette caractéristique paraît devoirsaccentuer. Les villes, cependant, restent encore de dimensions réduites.Ainsi Libreville ne compte que 419.596 habitants et Port-Gentil : 79.225,pour ne citer que les principales métropoles Ibid. : 3. poules auront des dents et des cornes au menton quand lespoules auront des dents, muet comme nos carpes Lambarénémuetcomme une carpe, soit par suppression dun élément : brasdessus-dessous bras dessus-bras dessous, soit par substitution: raisonner comme une calebasse raisonner comme un chaudron,soit par permutation déléments : faire des mains et despieds faire des pieds et des mains-Modificationgraphique usuelle : bonané bonne année, Dans le tableau ci-dessous, on notera, à gaucheen italique, les chiffres par niveau fournis par lhypothèse faibleH.F avancée par Couvert pour lan 2000, à droite en gras,les chiffres correspondants calculés par nous à partir desdonnées du RGPH de 1993.Ainsi, chiffres 1993 : Pour les 6 à14 ans, il y a 90 de scolarisés. Le tableau contrastif ci-dessous ne prend en compte que la populationâgée de 15 ans et plus-un redoublement. Coupé-coupégrillad, arranger-arranger artisan itinérant, petit-petittout petit, plat-plat carangue,..
Les premières structures éducativessont dabord religieuses souvent en langues locales mais bientôtla création décoles publiques répond à unenécessité née de ladministration elle-même: former sur place des agents subalternes quil serait trop coûteuxde faire venir de métropole. Les déclarations officiellesde cette période sont dailleurs très claires : Le butde lenseignement en A.E.F.. est de former des collaborateurs indigènesdont nous avons besoin dans luvre administrative et dans luvre de colonisation,dont la direction seule incombe aux Européens Antonetti, 1928: 96-105. Les instituteurs, venus de France, nexerçent leurs fonctionsque dans les écoles urbaines et régionales, assistésdinstituteurs indigènes issus de lEcole Normale. Les structuresde lécole publique sont mises en place en 1883, conformémentà larrêté du 24 novembre repris par la circulairedu 8 mai 1925 réorganisant lenseignement en A.E.F. La Conférencede Brazzaville, en février 1944, stipule : tout enfant entrantdans une école dA.O.F, dA.E.F, du Togo ou du Cameroun, en quelquelieu et à quelque niveau que ce fût, est censé nyentendre et ny employer aucune autre langue que celle de la métropole. Citée in Manessy, 1994 : 24 1.1. Présentation géographique dans lAfrique. Le Gabon est situé au coeur même de lAfrique, en borduresur plus de 800 km de lOcéan Atlantique, à cheval surlEquateur comme son voisin le Congo, et au delà, le Congo Démocratiqueex-Zaïre. Au nord-ouest du pays en bordure de lOcéan, lapetite Guinée Equatoriale est enchâssée dans le territoiregabonais. La frontière nord sépare ensuite le Gabon du Cameroun.Tout le reste du pays jouxte le Congo. A lexception de lOcéanAtlantique à louest, toutes les autres frontières gabonaisessont artificielles et résultent daccords passés : En 1886, par le décret du gouverneurSavorgnan de Brazza fixant les frontières entre le Gabon et le Congo,au sud. En 1900, entre la France et lEspagne pour lenord-ouest. Lédition, comme nous lavons vu, avec leCICIBA et la Fondation Raponda-Walker, propose certaines publications dansdes langues du pays mais : La littérature écrite gabonaiseest de langue française. La vitalité de la littératuregabonaise, observable avec les dernières publications et lengouementrécent pour le théâtre en français égalementviennent? à titre dhypothèse-dune certaine appropriationde la langue française qui dit la difficulté décrireet la nécessité de dire sans se trahir. Moussirou-MouyamadeSamie, 1996 : 612. Le noyau commun fondamental du lexique à fréquenceélevée est à peu près identique pour les Gabonaiset pour les Français, à quelques rares élémentsprès : gagner pour avoir, être pourpour appartenir à, payer pour acheter.
-Changement de dénotation : bureaufemme entretenue par un homme marié, cavalier grosmoustique, vamper quitter son enveloppe charnelle pour sintroduiredans lesprit et le corps dautrui, tigre serval, renardmangouste,.. Au terme provisoire dune recherche dune dizainedannées, nous tenons à exprimer toute notre reconnaissanceenvers les autorités gabonaises et particulièrement enversMonsieur Auguste Moussirou-Mouyama, directeur de lEcole Normale Supérieurede Libreville. Sans sa compréhension et son appui bienveillant,la présente collecte naurait pu être menée àbien. Il a facilité la sensibilisation de ses étudiants auprojet, autorisé leur collaboration à certaines enquêtesen milieu difficile, permis laccès à une documentation précieuse: mémoires, travaux, ouvrages scientifiques rares. Quil en soitici chaleureusement remercié! Toute notre gratitudeva également à lAUPELF actuelle Agence de la Francophonieet à la responsable du projet IFA, Danielle Latin pour le soutienqui a permis le démarrage du projet et le financement des premièresmissions de terrain. Nous adressons égalementtous nos remerciements à Madame Sylvie Mellet, directrice de lUPRESA6039 à Nice Institut National de la langue Française, CNRSet à Monsieur Ambroise Queffelec, professeur à lUniversitédAix-en-Provence, responsable de la revue Le français en Afrique, qui ont bien voulu accueillir notre travail et en assurer la publication. Que tous ceux enseignants, chercheurs, techniciens, religieux, étudiants,qui ont, de près ou de loin, collaboré à notre entreprisepar leurs collectes, leurs analyses, leurs informations, leurs critiquesou leurs conseils, trouvent dans ces quelques lignes, lexpression de notrevive gratitude. Leur aide, leur patience devant nos questions fastidieuses,leur intérêt, méritent plus que des remerciements.Nous ne saurions donc oublier de mentionner ici Nelly Lecomte qui a dépouillédeux années de parution du journal LUnion, Claudette Boutin-Dousset,Maria Alves, Caroline Thibaudier, Marie Artigues, Thomas Tchiggfrey, SandrineNtsaga-Oyouni, Paris III, Diane Bagouendi-Bagère, Magali Italia,Jean-Aimé Pambou Aix-en-Provence qui par leurs enquêteset leurs travaux ont grandement alimenté et conforté notreréflexion et dont les observations vigilantes nous ont été,ô combien, précieuses. Merci égalementà tous ceux qui nous ont fourni leur aide technique et bénévolesur le terrain : Frère Hubert, Marie-Louise et André, Firmin,Faty, Ghislaine, Mathilde et tous ceux que nous noublions pas et qui sonttrop nombreux pour être cités ici, ainsi quà ceuxcomme Arnaud et Philippe dont les compétences techniques ont palliénos manques et corrigé nos erreurs informatiques ou éditoriales. 556 556 556 556 278 278 584 584 584 556 1015 667 667 722 722 667 611 778 722 b-une population jeune : 41 des effectifs ontmoins de 15 ans.